Ma colombe, cachée au creux des rochers,
en des retraites escarpées,
montre moi ton visage,
fais moi entendre ta voix ;
car ta voix est douce
et charmant ton visage.
LE CANTIQUE DES CANTIQUES
Deuxième poème
PARTIR
Aimer prendre un avion un matin glacial d’hiver pour une mission lointaine et longue
c’est mettre sa culture en bandoulière et prendre le risque de se perdre.
Perdre ses repères pour retrouver, au bout du compte, les essentiels.
Mais auparavant il faut accepter les mystères de l’inconnu, ses troubles
et ses dangers,
d’autres intelligences, d’autres cœurs, d’autres bontés, d’autres beautés.
Accepter de ne presque rien savoir des faits et gestes,
des paroles de ceux que l’on aime.
Savoir partir le cœur léger malgré les séparations, tout laisser sans rien laisser.
C’est aussi assister au spectacle de la pauvreté, impuissant.
Chercher d’autres demains, s’approcher des autres, doucement.
Aimer les soirs incertains dans une capitale inconnue, les aubes douteuses...
Préférer les flottements de l’âme aux certitudes du savoir.
Croiser le regard d’un enfant pauvre de la brousse ou celui hautain
d’une femme peulh.
Aimer les horizons qui reculent et les faire reculer si besoin est.
C’est savoir que l’on ne rentre jamais indemne d’absences au long cours.
Revenir sans jamais vraiment revenir, prendre le risque de devoir repartir, vouloir rester et partir.
Partir c’est accepter les points de non-retour.
(texte de Dominique Baumont)
Une première en rêve, en imagination,
au ras des cartes.
Une deuxième le long des routes,
dans des bus rapiécés,
dans des gares en attente
d’hypothétiques trains,
dans des hôtels douteux ou des jardins radieux.
Enfin une troisième et interminable en souvenir,
dans la présence d’instants
qui vous constituent désormais
et que rien n’y personne ne peut effacer.
Elisabeth FOCH - Journaliste française - Prix Nadal 1990
Matin à Kikwit. Bandundu. RDC
La promesse d'une expérience de
Volontariat Solidaire réussie.
Musique de Zaz "On ira"
Vidéo de Ion Eminescu
Chargé de communication à la DCC
Il y a pire que
le bruit des bottes,
il y a le silence des pantoufles.
Max Frisch
Ma colombe, cachée au creux des rochers,
en des retraites escarpées,
montre moi ton visage,
fais moi entendre ta voix ;
car ta voix est douce
et charmant ton visage.
LE CANTIQUE DES CANTIQUES
Deuxième poème
Lu pour vous dans :
l'auteur :
Est-il possible de faire l’impasse sur l’impact des valeurs morales imposées par la colonisation, lorsque l’on aborde le sujet des pratiques sexuelles en Afrique?
Pour les 60 contributeurs et plus d’African sexualities: A Reader, la réponse est oui. Publiée en juin 2011, cette compilation d’essais et de poèmes tente de théoriser la sexualité en Afrique en allant «au-delà des stéréotypes occidentaux», commente le site Think Africa Press (TAP) dans un article paru le 11 juillet 2011.
Ces stéréotypes s’illustrent entre autres par l’idée selon laquelle les noirs auraient une sexualité débridée, une fable «née dans l’esprit des colonisateurs blancs», érigée d’autorité en «connaissance scientifique au XIXe siècle».
Dans African sexualities, des universitaires diversifient les perspectives. Une démarche novatrice qui leur permet de sortir des clichés racialistes, estime TAP. Les comportements sexuels en Afrique sont alors dépeints sous des aspects tels que la masculinité au Ghana, le célibat au Swaziland, la criminalisation de l’homosexualité, ou encore l’inégalité entre hommes et femmes.
Toutefois, comme le rappelle l’éditrice de l’ouvrage Sylvia Tamale, il est difficile d’ignorer que la colonisation a laissé des traces dans les pratiques. Féministe, cette chercheuse est doyenne de la faculté de Droit de l’université Makarere à Kampala, la capitale ougandaise:
«Les méthodes coloniales de recherche et de théorisation mises en place pour aborder la sexualité en Afrique ont laissé des traces considérables et indélébiles dans la vie sexuelle des gens, explique-t-elle dans la préface du livre. Ce qui ne veut pas dire que le continent est otage de son histoire coloniale.»
A l'époque, plusieurs facteurs ont imposé des modes de comportement, comme si les mœurs préexistantes étaient inférieures. La notion de pudeur est arrivée par exemple avec la chrétienté et l’islam. Les missionnaires ont également introduit la notion de retenue dans l’acte sexuel.
En somme, l’objectif de Sylvia Tamale est de décomplexer les recherches sur la sexualité face à ces racines coloniales, tout en évitant de reproduire le même type de généralités sur les rapports sexuels en Afrique.
Lu sur Think Africa Press, The Nordic Africa Institute
"A quoi sert de voyager si tu t'emmènes avec toi ?
C'est d’âme qu'il faut changer, non de climat."
(Sénèque)
"En route, le mieux c'est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors, mais alors seulement, que le voyage commence."
(Nicolas Bouvier)
"Pour bien aimer un pays il faut le manger, le boire et l’entendre chanter."
(Michel Déon)
coucher de soleil vu du phare des mamelles - Dakar
Ce n’est certes pas la première fois que je relaie un article sur cette hydre nauséabonde qu’est la françafrique et je comprends que l’on puisse s’en lasser. Cependant elle est toujours plus présente que jamais, plus nauséabonde que jamais et je ne compte m’arrêter d’en parler que le jour ou elle aura disparu du paysage politique français pour s’inscrire dans les poubelles obscures de l’histoire de France.
Lu pour vous dans:
La Françafrique n’est pas un astre mort
Le scandale des biens mal acquis revient dans l'actualité à la veille de la présidentielle française. Thomas Hofnung analyse pour Slate Afrique les ramifications de ce système françafricain. Deuxième partie de l'interview.
L'AUTEUR
Slate Afrique - Pourquoi avoir décidé de consacrer maintenant un ouvrage au scandale des biens mal acquis ?
Thomas Hofnung - En réalité, ce livre [co écrit avec Xavier Harel. Le scandale des biens mal acquis. Enquête sur les milliards volés de la Françafrique. La Découverte, Paris, 2011] est le produit de deux ans de travail. Nous avons commencé nos recherches en 2009, deux ans environ après le dépôt de la première plainte sur les biens mal acquis à Paris. Depuis, l’affaire a prospéré. A la suite d’une longue bataille judiciaire, la Cour de cassation —la plus haute instance française— a estimé qu’il y avait matière à instruire les conditions dans lesquelles des dirigeants étrangers ont acquis un patrimoine immobilier conséquent dans l’Hexagone. C’est une première et cela fera sans doute jurisprudence. A mon avis, nous ne sommes qu’au tout début de l’affaire, qui pourrait réserver des surprises, notamment sur les complicités françaises dans ces détournements de fonds publics.
SlateAfrique - Les biens de chefs d’Etat africains en France, cela n’a rien de nouveau. Comment expliquer le dépôt d’une plainte à ce sujet? Pourquoi maintenant?
TH - Effectivement, c’était un secret de Polichinelle. Et c’est d’ailleurs tout le mérite des deux membres du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) —Jean Merkaert et Antoine Dulin— d’avoir décidé, en 2006, de rassembler tout ce qui était connu (et épars) sur ce sujet, et d’en avoir fait un rapport. Puis l’ONG Sherpa, dirigée par l’avocat William Bourdon, a pris le relais pour donner une suite judiciaire à cette affaire. A travers cette affaire, ce qui est en jeu —et qui ne concerne pas que l’Afrique— c’est la lutte contre l’impunité en matière de bonne gouvernance et de corruption. Le moment où intervient cette enquête sur les BMA s’explique, selon moi, par un long processus de prise de conscience des dérives de certaines élites politiques, mais aussi financières, à l’échelle de la planète. Elle illustre le poids grandissant de la société civile qui, en recourant à l’arme judiciaire, parvient à changer l’Histoire. Après l’humanitaire, elles ont investi un autre champ, celui de la finance et de la lutte contre la corruption. Sherpa et Transparency International sont emblématiques de ce combat.
SlateAfrique - Quel est l’objectif des ONG qui ont déposé une plainte?
T.H - Elles veulent faire prendre conscience aux opinions publiques de l’ampleur des détournements de fonds, du mal développement qui en résulte dans certains pays et de la complicité qui est la nôtre dans cette dérive dont pâtissent des populations pauvres. On peut appeler cela de l’ingérence, mais on peut aussi y voir —même si l’expression paraît un peu désuète— une forme de solidarité entre les peuples.
SlateAfrique - Si la France n’accueille plus ces «investissements», le problème ne va-t-il pas tout simplement se déplacer? A savoir que d’autres pays vont prendre le relais.
T.H - C’est déjà probablement le cas au moment où nous parlons. Les potentats, qu’ils soient africains ou autres, placent désormais leurs fonds hors d’une Europe devenue trop risquée pour eux, car trop regardante. D’après des sources concordantes, ils se tournent vers la Chine (Hong Kong) mais aussi le Proche Orient ou le Golfe, avec Dubaï, où ils sont plus tranquilles. On peut certes dire que l’action sur les BMA en France ne fait que déplacer le problème. Mais disons qu’elle a déjà réussi à perturber des circuits traditionnels. Et à mettre le problème sur la table au niveau international.
SlateAfrique - Votre ouvrage parle tout particulièrement du Congo-Brazzaville, de la Guinée équatoriale et du Gabon. Le scandale des biens mal acquis est-il plus grave dans ces pays. Ou est-ce juste que nous sommes davantage informés sur ce qui s’y passe?
T.H. - Nous nous sommes concentrés sur ces trois pays pour une raison simple: il s’agit de ceux qui sont concernés par la plainte sur les BMA déposée et jugée recevable en France. Il est évident qu’il y en a bien d’autres. Ils sont d’ailleurs pointés dans les rapports du CCFD sur la corruption. Mais nous avions déjà fort à faire à décrypter ces trois cas précis: ce dont leurs dirigeants sont soupçonnés, quels circuits empruntent les fonds, les complicités à l’étranger, etc. Disons qu’il s’agit d’un sujet d’avenir, et que d’autres travaux ne manqueront pas d’émerger sur nombre de pays qui n’ont rien à envier au Gabon, au Congo-Brazzaville ou à la Guinée équatoriale. Il faudrait notamment s’intéresser aux monarchies du Golfe et aux oligarques russes.
SlateAfrique - Quel est le rôle de la France?
T.H - C’est l’un des aspects, me semble-t-il, les plus importants du livre: dans l’affaire des BMA, il ne s’agit pas de pointer un doigt accusateur sur les seuls dirigeants africains. Les fonds qui sont détournés transitent par des banques françaises, notamment par la Banque de France. Les achats immobiliers ont lieu avec l’intervention d’avocats, de notaires, de conseillers. Les juges ont d’ores et déjà effectué des perquisitions chez certains d’entre eux et saisi des documents.
Le rôle ou l’implication de la France, c’est aussi le silence des politiques sur ces pratiques, qui s’explique par plusieurs facteurs: pour maintenir de bonnes relations diplomatiques et stratégiques, mais aussi du fait de relations inavouables, d’ordre financier. C’est un autre secret de Polichinelle: Omar Bongo, notamment, était très généreux avec une large frange de la classe politique tricolore. Y compris, d’après le témoignage d’un de ses anciens conseillers que nous citons dans notre livre —Mike Jocktane—, avec Nicolas Sarkozy.
SlateAfrique - Favorise-t-elle ce phénomène? Ou joue-t-elle le même rôle que les autres grandes puissances?
T.H - Il y a un particularisme français lié à son histoire: la colonisation —qui a lié notre pays avec d’autres sur le continent africain— et la décolonisation «à la française» —une volonté de maintenir son influence et de garder des liens forts avec ses anciens «protégés». C’est ce qu’on a appelé la Françafrique, qui ne se réduit pas —loin s’en faut— aux valises. L’affaire des BMA raconte cette proximité, cette intimité même, dont certaines facettes ne sont guère reluisantes. Ce n’est pas par hasard si certains dirigeants africains ont «investi» en France, leur seconde patrie en quelque sorte. De même, ce n’est pas le fruit du hasard si c’est en France que des ONG sont passées à l’offensive contre ces dérives. A tort ou à raison, certains militants se sentent une responsabilité particulière envers ces pays du fait des liens qui existent avec eux.
Propos recueillis par Pierre Cherruau
photo internet
Attention aux orphelins
Autrefois, dans le village de Gani-Gawané, les orphelins étaient rejetés et abandonnés. Selon cette triste habitude, une année, à l’approche de la saison des pluies, le petit Adamou fut emmené dans une brousse lointaine parce que personne ne voulait plus s’occuper de lui : un de ses oncles qui l’avait recueilli après la mort de ses parents et l’avait élevé presque dix ans, mourut lui aussi et sa veuve avait beaucoup de mal à élever ses propres enfants. Le chef du village à qui elle avait fait appel décida donc d’abandonner le petit Adamou.
Ainsi l’enfant se retrouva-t-il seul, parmi les animaux sauvages, à des lieues du village le plus proche. Comme par miracle, il trouva une grotte et s’y cacha. Or, grâce à Dieu, dans le fond de cette grotte, on avait caché, sans doute pour les protéger des razzias, des vivres les plus divers : de la viande séchée, des sacs emplis de niébé** et tout ce qu’il lui fallait pour vivre. Dans la brousse épaisse qui l’entourait, Adamou put ainsi éviter la mort à laquelle il était destiné. Il apprit à éviter les animaux sauvages, sut bientôt faire des pièges et se distraire en regardant les ombres, les nuits de pleine lune. Mais nuit et jour aussi, il maudissait les habitants du village qui l’avaient abandonné. Il souhaitait pour eux les pires catastrophes dont il avait entendu les anciens parler : les pluies qui noyaient les récoltes, ou au contraire, la sécheresse, ou encore, les invasions de sauterelles. Ses malédictions furent efficaces. Ainsi, des semaines, des mois passèrent sans qu’une goutte d’eau ne tombe à Gani-Gawané. La tristesse y devenait pesante car ni le manioc, ni le niébé, ni le sorgho*** ne germaient dans les terres qu’on avait ensemencées et la perspective de la famine accablait grands et petits.
Au contraire, les pluies de l’hivernage avaient arrosé tous les villages alentour, partout, les paysans s’apprêtaient déjà à des récoltes abondantes, les greniers allaient déborder. La bonne fortune des villages voisins augmentait encore la tristesse et le découragement à Gani-Gawané. On ne savait plus à quel génie se vouer et bientôt, il fallut aller dans les villages voisins quémander jusqu’au moindre grain de mil ou de sorgho. Nulle part, on n’était disposé à aider un village qu’on considérait comme maudit.
Les bergers de Gani-Gawané eux-mêmes, durent beaucoup s’éloigner pour trouver des pâturages encore verts. Un jeune berger à peine plus âgé qu’Adamou alla même jusqu’à s’approcher de la grotte perdue où l’orphelin avait trouvé refuge. Ses vaches paissaient paisiblement sur une étendue d’herbe bien verte proche de ces lieux quand l’une d’elle quitta le troupeau ; le petit berger la suivit et découvrit, tout étonné, au bas de la falaise où il se trouvait, une anfractuosité d’où sortait le son d’une voix humaine. Prêtant l’oreille, il fut stupéfait d’entendre ces maux : « Habitants de Gani-Gawané, maudits soyez-vous qui m’avez abandonné loin des hommes. Je suis seul loin de tout et sans la nourriture que je retire du fond de cette grotte, je n’aurais pu survivre à cet abandon. Que vos semences se noient sous les pluies d’hivernage, que la sécheresse fasse mourir les jeunes pousses, que les sauterelles dévorent ce qui reste sur pied. Puissent vos enfants en périr puisque vous ne faites pas l’effort de prendre soin des orphelins. Et toi, génie de cette grotte, fais que cette malédiction se réalise ! »
Le berger comprit bien vite qui parlait, il se souvenait d’Adamou dont il avait partagé les jeux et le reconnut vite comme l’auteur de ces malédictions.
Abandonnant sur le champ son troupeau, il courut au village informer le chef de ce qu’il venait de découvrir. Ce dernier n’eut pas de peine à reconnaître ses torts et appela le sorcier qui s’empressa de supplier le génie de la grotte. Pendant ce temps, tous les hommes du village se rendirent en cortège auprès d’Adamou et le ramenèrent bien vite à Gani-Gawané. Le chef du village le prit dans sa maison où il fut accueilli comme l’un de ses fils. Une grande pluie s’abattit aussitôt sur le village. C’est depuis ce jour que les orphelins sont traités avec soin et amour à Gani-Gawané.
"Si l'on y réfléchit bien, le Christ est le seul anarchiste
qui ait vraiment réussi."
Et Dieu sait si André Malraux réfléchissait.
fleur de Centrafrique
Ici pas de gros flocons, pas de neige, pas de froid. Pas de cheminée non plus où brûle un grand feu, pas de sapin. Un soleil écrasant, de la chaleur, du bruit comme toujours et surtout beaucoup de poussière de sable. C’est ainsi que j’ai vécu le Noël 2009 dans l’école primaire du Sénégal où je travaillais.
Curieuse impresssion que de voir ce père Noël dans la touffeur africaine, joué par une jeune enseignante de l’école. Cependant ce qui ne change pas ce sont les chères petites têtes noires avec les mêmes sourires, la même excitation, les mêmes rêves éveillés -pour les plus jeunes- que ceux de leurs frères blancs…
Charmant !