C’est à Dakar, un peu par hasard qu’est mort le 14 septembre 1905 Pierre Savorgnan de Brazza.
Un peu par hasard car ses territoires d’exploration furent ceux d’Afrique centrale, essentiellement le Congo (Congo Brazza).
Il est né à Castel Gondolfo le 26 janvier 1852 dans une riche famille de l’aristocratie italienne, sous la dénomination exacte de Pietro Paolo Savorgnan di Brazza, son vrai nom avant sa naturalisation française en 1874.
Farouche opposant de l’esclavage il voulait établir dans ces contrées la domination française dans le respect des droits humanitaires des populations rencontrées, ce qui ne fut pas le cas du britannique Stanley au service, lui, du roi des belges de l’époque le tristement célèbre Léopold II, le peu glorieux inventeur du terrible régime des concessions.
(cf::Chronique Centrafricaine N° 4 )
"Le terrible régime des concessions"
En 1874, Brazza propose au gouvernement français une expédition scientifique qui consiste à remonter le fleuve Ogooué jusqu’à sa source et démontrer ainsi que ce fleuve et le Congo ne font qu’un. Il trouve les fonds nécessaires auprès de personnalités influentes comme Jules Ferry et Léon Gambetta, fonds qu’il complète avec ses ressources personnelles.
Il part donc en 1875 accompagné d’une petite équipe d’une douzaine de fantassins sénégalais, d’un médecin et d’un naturaliste. L’aventure se révèle être un échec car les deux fleuves sont bien différents l’un de l’autre et en 1878 il se voit contraint de faire demi-tour avec ses compagnons, épuisés et malades.
Au cours de cette exploration rappelons qu'il s'est déroulé un épisode célèbre resté dans les mémoires qui situe l’humanisme de de Brazza : ayant un jour planté un drapeau français au milieu d’un village et voyant une troupe d’esclaves il leur dit :
« Partout où est le drapeau de la France, il ne doit pas y avoir d’esclaves ».
Immédiatement chaînes et colliers sont enlevés, et les hommes, libres.
On comprendra aisément qu’une telle attitude n’était pas du goût de tout le monde. Il persévéra cependant en s’opposant en 1897 à André Lebon, ministre des colonies qui voulait imposer sur les territoires conquis, le Gabon, le Congo et l’Oubangui Chari (l’actuelle Centrafrique) le régime des concessions.
Tous ces combats, l’effroyable égoïsme des colons, les périlleuses expéditions eurent raison de sa santé mais pas de sa réputation et de sa mémoire : il est le seul blanc de l’époque coloniale qui ait laissé un nom à une capitale d’Afrique, Brazzaville, où ses cendres, celles de sa femme et de ses quatre enfants ont été transférées le 1er octobre 2006.
Citons pour finir une autre phrase de de Brazza, qui disait à ses collaborateurs avant de partir vers de dangereuses aventures en exigeant que l’on respecte les habitants :
« N’oubliez pas que vous êtes l’intrus que l’on n’a pas appelé »
Pour « 2010 année de l’Afrique » il y a matière à réflexion…