On ne dira jamais assez les conséquences désastreuses de la colonisation en Afrique et ailleurs. Au delà même des terribles exactions physiques commises par les puissances coloniales sur les peuples asservis, il reste encore, vivaces et douloureux parmi les africains, les stigmates psychologiques de cette période peu glorieuse de l’histoire de l’Occident.
Ainsi, peut-on lire dans « Sociologie actuelle de l’Afrique Noire » de Georges Balandier citant Octave Manoni dans « Psychologie de la colonisation » qui nous parle du « complexe de dépendance » et, où « la responsabilité personnelle est évitée autant que possible » chez les anciens colonisés. Résultat dramatique et inhibant du maintien pervers, voulu et délibéré par le colonisateur dans leur état d’assistés.
Attitude que nous constatons et qui nous est un peu familière à nous autres Volontaires de Solidarité Internationale qui intervenons pourtant, toujours et exclusivement à la demande de partenaires du Sud. Notre présence est à la fois souhaitée puisqu’on nous demande et aussi perçue, parfois par le même partenaire, comme presque humiliante : situation menant immanquablement à des conflits intérieurs chez nos amis et pour nous, pour le moins à une source de réflexion.
Voici en témoignage un bref extrait d’un poème tiré de « Complainte Bantoue » d’un poète que je découvre et vais continuer à découvrir avec vous – Moningi - dans lequel il pleure une négritude perdue…
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Des hiboux envahissent mes nuits et mes rêves
Démons affreux hantant les mourants qu’ils achèvent
Par-dessus ma case on les aperçoit le soir
Décrire silencieux sorciers des cercles noirs
Puis haut perchés en chœur autour de ma demeure
Longuement ils me tuent et moi déjà je pleure…
Tout partout de hideux serpents croisent mes routes
Je m’en arrête palpitant et dans le doute.
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MONINGI, Complainte Bantoue