D‘après ce que j’ai lu (La pensée Africaine - Recherches sur les fondements de la pensée négro-africaine - Alassane NDAW) on peut avancer un certain nombres de dénominateurs communs en terme de comportement et de pensée aux populations de l’Afrique subsaharienne.
C’est ainsi que les africains de ces régions, de l’est à l’ouest et du nord au sud ont un rapport à la nature qui se ressemble. Pour pouvoir l’appréhender, un parallèle avec celui des blancs est utile.
Léoplod Sedar Senghor, dans l’ouvrage cité plus haut a des termes assez sévères pour en parler :
« Considérons l’homme blanc dans sa confrontation avec l’objet, le monde extérieur, la nature, l’Autre. Plein de détermination, c’est un guerrier, en oiseau de proie doué d’un regard innocent que cet homme se distingue de son objet. Il le tient à distance ; il l’immobilise ; il le fixe. Armé d’instruments de précision, il le dissèque dans une analyse impitoyable. Emporté par une volonté farouche et efficace, il tue l’Autre et, dans un mouvement centripète trouve le moyen de l’utiliser à des fins pratiques. Il l’assimile. Ainsi est l’homme blanc européen ; tel, déjà, il l’était avant la révolution scientifique du XXe siècle. »
Avant la révolution du XXe siècle ? bien sûr. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le parc de Versailles. Domestiquée à l’extrême, coupée, amputée, ployée, martyrisée pourrait-on dire, la nature en ces lieux ne sert que de faire-valoir à un seul homme, Louis XIV. Elle n’est l’objet ses attentions que pour mieux lui imposer sa volonté. Notre volonté pourrait-on dire car encore maintenant, de nos jours dans le plus modeste des jardinets, les haies sont taillées, le gazon tondu, les parterres de fleurs ont des formes géométriques. Les jardins potagers, dans la naïve ambition de les faire ressembler ceux de Villandry, sont tirés au cordeau.
On maîtrise.
Les mots de L.S. Senghor reste de parfaite actualité.
Il en va tout autrement avec les africains. Dans le même ouvrage, l’auteur :
« Les rapports de l’Africain et de la nature sont l’expression d’une symbiose consciente d’elle-même .Dans les poèmes inspirés par la chasse, le chasseur ne s’enorgueillit pas de tuer ; à l’égard du chassé, il n’exprime que louange et respect. Le chasseur et le chassé jouent simplement leur rôle dans le drame de l’existence. L’homme de brousse compose des chants pleins de charme et de sensibilité à la gloire de l’antilope, qu’il chante et danse en l’honneur de la mise à mort. La nature n’est donc pas un ennemi qu’il faut vaincre. L’Africain sent qu’il fait lui-même partie de la nature et qu’il est pris dans un réseau de relations avec le Cosmos et le social ,avec l’animal, avec la plante, avec la terre nourricière,avec la pluie d’orage et la lente germination des graines. Lorsque les choses vont mal, c’est parce que les relations ont été faussées, qu’elles ont perdus leur harmonie et leur accord. »
Maîtrise d’un coté, symbiose de l’autre, faut-il aller chercher dans le sentiment religieux très fort (rappelons que le terme « athée » est un mot incompréhensible et vide de sens pour un africain), omniprésent sur ce continent ainsi que nous l’avons déjà dit, (Mythes et symboles en afrique ) ce respect de nos amis pour leur environnement ?
Oui, probablement.
La nature est une création de l’Être suprême et on ne peut sous peine de voir se rompre l’harmonie du monde et de la vie la plier à nos désirs, la recherche de l’harmonie étant une autre constante clé de la pensée africaine.