PARTIR
Aimer prendre un avion un matin glacial d’hiver pour une mission lointaine et longue
c’est mettre sa culture en bandoulière et prendre le risque de se perdre.
Perdre ses repères pour retrouver, au bout du compte, les essentiels.
Mais auparavant il faut accepter les mystères de l’inconnu, ses troubles
et ses dangers,
d’autres intelligences, d’autres cœurs, d’autres bontés, d’autres beautés.
Accepter de ne presque rien savoir des faits et gestes,
des paroles de ceux que l’on aime.
Savoir partir le cœur léger malgré les séparations, tout laisser sans rien laisser.
C’est aussi assister au spectacle de la pauvreté, impuissant.
Chercher d’autres demains, s’approcher des autres, doucement.
Aimer les soirs incertains dans une capitale inconnue, les aubes douteuses...
Préférer les flottements de l’âme aux certitudes du savoir.
Croiser le regard d’un enfant pauvre de la brousse ou celui hautain
d’une femme peulh.
Aimer les horizons qui reculent et les faire reculer si besoin est.
C’est savoir que l’on ne rentre jamais indemne d’absences au long cours.
Revenir sans jamais vraiment revenir, prendre le risque de devoir repartir, vouloir rester et partir.
Partir c’est accepter les points de non-retour.
(texte de Dominique Baumont)
Une première en rêve, en imagination,
au ras des cartes.
Une deuxième le long des routes,
dans des bus rapiécés,
dans des gares en attente
d’hypothétiques trains,
dans des hôtels douteux ou des jardins radieux.
Enfin une troisième et interminable en souvenir,
dans la présence d’instants
qui vous constituent désormais
et que rien n’y personne ne peut effacer.
Elisabeth FOCH - Journaliste française - Prix Nadal 1990
Matin à Kikwit. Bandundu. RDC
La promesse d'une expérience de
Volontariat Solidaire réussie.
Musique de Zaz "On ira"
Vidéo de Ion Eminescu
Chargé de communication à la DCC
Il y a pire que
le bruit des bottes,
il y a le silence des pantoufles.
Max Frisch
A l'entrée de ce week-end, un petit air de nostalgie me donne l'envie de republier ce texte écrit quand j'étais au Sénégal en voyage en Casamance. (Août 2010)
C’est un concours de circonstance qui a fait que mes déplacements à l’intérieur du Sénégal l’ont été la plupart du temps seul. Expérience autre que celle de voyager avec plusieurs coopérants, aventure différente qui présentent l’une et l’autre des attraits.
Arrêtons-nous aujourd’hui sur ceux en solitaire.
Indicible parfum d’aventure et d’espace, de liberté première le voyage en solitaire permet le temps de la rencontre et le temps du regard, celui de la patience et du temps que l’on perd en allant au devant de cette rencontre sans connaître le lieu ni l’heure de celle-ci.
Chemin initiatique non tracé, ou plus exactement tracé par l’humeur du moment à la découverte de l’inconnu, cet inconnu si inquiétant et si attirant aux reflets changeants et capricieux. Tour à tour exigeant et rebelle ou s’abandonnant comme une femme facile, l’Inconnu avec un grand I ne se laisse pas approcher aisément, ne se laisse jamais apprivoiser, tout juste par moment autorise-t-il une escapade dans ses méandres d’ombre et de lumière à condition de le vouloir sûrement. Sa recherche n’est pas si aisée que cela car ses adversaires - et ils sont nombreux - la peur, la fatigue réelle ou imaginaire, la certitude du danger réel ou imaginaire, une vague mollesse aussi, physique et mentale, le fait toujours s’éloigner vers des contrées qui nous semble au premier abord inaccessibles. Ces contrées là ne sont pas inaccessibles, elles sont à notre portée si on veut bien jeter aux orties nos craintes paresseuses et confortables, pratiques comme des alibis.
Le voyage en solitaire n’autorise pas l’indifférence à la différence qu’il s’agisse des paysages traversés, des populations rencontrées, des mythes et symboles de celles-ci, des cultures. Il oblige à l’attention, à la modestie au recul. Il est une quête vers une sorte de vérité, il est une approche de la vérité.
De l’île de Gorée à Saint-Louis du Sénégal et la Casamance en passant par le car de nuit qui me ramène de Tambacounda, j’ai traversé seul ces vastes territoires inconnus et par là même, ceux inexplorés de mon âme.
Le voyage en solitaire est source de joies intenses nées de petites et grandes choses, du discours cahotant d’un chauffeur de taxi, du sourire des enfants d’un quartier pauvre de Ziguinchor, de celui d'une vieille veuve édentée au regard de brousse vers le Fouta Djalon, des étendues infinies de l’Afrique berceau du monde dont je suis un citoyen.
Ne te laisse pas lécher par qui peut t'avaler.
photo internet
Quand Léopold Sedar Senghor se promenait dans Paris, cela donne ceci :
"COMME JE PASSAIS", dans "Poèmes perdus"
COMME JE PASSAIS
Comme je passais rue Fontaine,
Un air plaintif de jazz
Est sorti en titubant,
Ebloui par le jour,
Et m’a chuchoté sa confidence
Discrétement
Comme je passais tout devant
La Cabane cubaine
Un parfum pénétrant de Négresse
L’accompagnait.
Voilà des nuits,
Voilà bien des jours au sommeil absent.
Réveillés en moi les horizons que je croyais défunt.
Et je saute de mon lit tout à coup comme un buffle
Mufle levé, jambes écartées,
Comme un buffle humant, dans le vent
Et la douceur modulée de la flûte polie,
La bonne odeur de l’eau sous les dakhars
Et celle, plus riche de promesses, des moissons mûres
Par les rizières.
rizière en Casamance
La possible solution :
Afrique: une plus grande intégration régionale favoriserait la croissance
06/06/2011 à 09h:31 | AFP
L'Afrique, où la croissance va ralentir cette année, doit renforcer son intégration régionale pour peser davantage face à ses partenaires commerciaux, notamment les pays émergents, selon un rapport publié lundi par l'OCDE, la Banque africaine de développement et les Nations unies.
L'Afrique a plutôt bien traversé la crise économique mondiale, estiment l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la BAD, le Programme de l'ONU pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, dans ce rapport publié à Lisbonne.
Après s'être établie l'an dernier à 4,9%, la croissance sur le continent devrait ralentir en 2011 à 3,7%, sous le coup de "forts vents adverses": les événements politiques en Afrique du Nord et la flambée des prix alimentaires et du pétrole.
L'an prochain, la croissance devrait toutefois rebondir à 5,8%, "sous réserve d'un retour à la normalité économique" en Libye et en Côte d'Ivoire, estiment les auteurs du rapport.
"Donner la priorité à la santé, à l'éducation et aux services de base est indispensable pour s'assurer que les personnes les plus vulnérables ne sont pas laissées pour compte", estime Pedro Conceiçao, économiste en chef au bureau régional du PNUD pour l'Afrique.
Le chômage structurel reste élevé dans de nombreux pays et malgré les avancées observées entre 1996 et 2005, l'Afrique continue de progresser plus lentement sur le front de la lutte contre la pauvreté que les autres régions en développement, soulignent les auteurs du rapport.
Selon eux, une des clés pour doper la croissance est d'attirer des investissements dans des secteurs plus diversifiés et à plus forte valeur ajoutée que le pétrole, qui draine aujourd'hui la plupart des flux. D'autant que les événements survenus en Afrique du Nord avec la guerre en Libye risquent de refroidir les investisseurs.
L'Afrique peut néanmoins tirer profit de l'arrivée des pays émergents sur le continent, qui s'imposent désormais comme des partenaires à part entière, souligne le rapport.
En 2009, la Chine a ainsi dépassé les États-Unis, devenant le principal partenaire commercial de l'Afrique. Et au cours des dix dernières années, la part des échanges de l'Afrique avec les pays émergents a sensiblement augmenté, passant de 23% à 39%.
Si les partenaires traditionnels assurent encore la plus grande partie des échanges commerciaux (62%), de l'investissement (80%) et de l'aide publique au développement (90%) de l'Afrique, les pays émergents sont susceptibles d'offrir au continent noir de nouvelles opportunités de croissance et de développement.
Mais, préviennent les auteurs du rapport, l'intégration régionale, qui souffre aujourd'hui de l'instabilité politique dans certaines régions ou de sérieuses lacunes dans l'interconnexion, doit absolument s'accélérer.
"Les pays africains doivent améliorer les infrastructures régionales", a déclaré à l'AFP Jean-Philippe Stijns, économiste au Centre de développement de l’OCDE.
"Cela aurait un double avantage", estime-t-il: "stimuler l'économie au niveau régional, mais aussi attirer des investissements majeurs, ce dont manque l'Afrique aujourd'hui".
Une plus forte intégration régionale permettrait aussi aux pays africains d'accroître leur pouvoir de négociation lors des discussions avec leurs partenaires commerciaux, souligne le rapport.
Car "on ne peut pas espérer une discussion d'égal à égal entre un pays comme le Malawi et un pays comme la Chine", souligne M. Stinjs.
L'exemple à suivre :
Le plus grand espace de libre-échange d'Afrique
voit le jour.
JOHANNESBURG (Reuters)
Le président sud-africain Jacob Zuma a lancé dimanche le plus grand espace de libre-échange d'Afrique rassemblant 26 pays membres de trois blocs commerciaux régionaux parfois rivaux.
Ce nouvel espace, baptisé "Zone de libre-échange", crée un marché unique de 875 milliards de dollars.
"Il n'existe aucun pays capable de prospérer à lui tout seul", a déclaré le chef de l'Etat de la "locomotive" économique du continent.
"La Zone de libre-échange nous aidera à coup sûr à accélérer les efforts d'intégration régionale pour s'assurer que les pays africains commercent entre eux à des conditions préférentielles", a-t-il ajouté devant un parterre de dirigeants africains venus assister à la cérémonie de lancement.
Dorénavant, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) et le Marché commun pour l'Afrique australe et orientale (Comesa) travailleront ensemble comme s'il s'agissait d'un ensemble unique.
L'accord rassemblera environ la moitié des pays du continent mais l'intégration des économies africaines se heurte principalement aux inégalités et aux disparités économiques ainsi qu'à l'instabilité politique.
Viennent s'ajouter le poids de bureaucraties inefficaces, la faiblesse des infrastructures et l'existence de barrières douanières pénalisantes.
Peroshni Govender, Jean-Loup Fiévet pour le service français
marché de Youkounkoun - Guinée Conakry
île de Fadiouth - Sénégal
À quoi sert la lumière du soleil, si tu as les yeux fermés.
proverbe africain
C'est quand on voir clair que l'on dit que le soleil est levé.
proverbe baoulé
Centrafrique
Au-delà de son incontestable intérêt scientifique et malgré l'extrème gravité du sujet, la lecture de cet article très sérieux paru dans l’édition en ligne de « Jeune Afrique » citant « Science et santé » du 2 juin, m’a, je dois l’avouer un peu fait sourire. Je m’explique.
Après quelques années passées en Afrique subsaharienne et contre toute attente je n’ai jamais eu, curieusement, de crise de paludisme. Tous les coopérants croisés, les amis africains rencontrés ont tous subis de ces accès palustres qui les laissaient pour le moins, épuisés. De mon coté, aucune crise. C’est bizarre et presque vexant : l’anophèle femelle me bouderait-elle ?
Je me demande si je ne vais pas proposer à l’OMS d’analyser les molécules de mes étranges effluves !
Perturber l'odorat des moustiques : une nouvelle méthode contre le paludisme.
02/06/2011 à 09h:53 Par AFP
Des scientifiques affirment avoir identifié des molécules odorantes capables de tenir en échec le flair aiguisé des moustiques, qui pourraient permettre une avancée sans précédent dans la lutte contre le paludisme. Ces molécules perturbent les organes sensoriels du moustique qui lui permettent de détecter le CO2 contenu dans l'air expiré par les humains, et donc de repérer infailliblement ses proies, expliquent les chercheurs dans une étude publiée mercredi par la revue scientifique britannique Nature.
"Ces substances présentent de grands avantages pour réduire les contacts entre moustiques et humains et peuvent conduire à une nouvelle génération de répulsifs et de leurres", estime un des auteurs de l'étude, Anandasankar Ray, professeur d'entomologie à l'Université de Californie de Riverside.
Alternative rêvée
Une alternative rêvée au DEET*, un répulsif efficace mais coûteux, qui nécessite de nombreuses applications et contre lequel certains moustiques commencent à présenter des signes inquiétants de résistance.
Des pièges à moustiques existent déjà, utilisant de la neige carbonique, du propane ou des cartouches de CO2. Mais ces gadgets sont encombrants et bien trop chers pour être utilisés à grande échelle, en particulier dans les pays pauvres où le paludisme fait des ravages.
Grâce aux substances identifiées par son équipe, les pièges à moustique du futur seraient "extrêmement maniables, pratiques et facilement rechargeables", assure M. Ray.
Mettant à profit les connaissances déjà acquises sur la drosophile, ou mouche du vinaigre, un animal couramment utilisé dans les laboratoires, les scientifiques ont étudié trois espèces de moustiques dont les femelles sont des vecteurs de maladies: Anopheles gambiae, Aedes aegypti et Culex quinquefasciatus.
Les molécules odorantes qu'ils ont identifiées brouillent les cellules sensibles au dioxyde de carbone (CO2) situées de part et d'autre de la bouche du moustique, sur de minuscules appendices ressemblant à des antennes.
Ces récepteurs sont activés à la moindre bouffée de CO2, envoyant au cerveau un signal qui pousse l'insecte à s'envoler contre le vent pour remonter à la source. Pour débusquer leur cible, les moustiques utilisent aussi des détecteurs de chaleur et la vue.
Expérimentation au Kenya
Les substances découvertes ont été expérimentées sur une petite échelle au Kenya, où des huttes distillaient un doux parfum de CO2 pour attirer les moustiques tandis que les molécules parasites étaient relâchées dans l'air pour les désorienter.
Pour Mark Stopfer, spécialiste à l'Institut américain de la Santé (NIH), les résultats obtenus sont "prometteurs". Il veut toutefois rester prudent, rappelant que les moustiques ne sont pas seulement guidés par le CO2 mais aussi par l'odeur de la sueur et de la peau humaine.
Et l'innocuité pour l'homme des substances chimiques testées sur les moustiques reste encore à démontrer, souligne-t-il.
Selon les chiffres de l'Organisation de mondiale de la Santé (OMS), le paludisme a causé près de 800.000 morts en 2009. Environ 90% de ces décès touchent l'Afrique, dont 92% d'enfants de moins de cinq ans.
Outre le paludisme, les moustiques sont aussi des vecteurs de la dengue, une infection virale qui touche quelque 50 millions de personnes chaque année, de la fièvre jaune, de la filariose et du virus du Nil occidental.
* DEET: Le N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide, auparavant appelé N,N-diéthyl-m-toluamide, ou DEET est un produit chimique connu depuis les années 1950 comme répulsif contre les insectes (présenté selon les produits comme efficace contre moustiques, puces, tiques, mouche piquante des étables et aoûtats). (souce Wikipédia)