Une des missions de l’Église, souvent peu visible mais cependant bien réelle, est de participer au développement de son pays et au rayonnement de sa culture.
Quand j’ai été approché par l’Alliance Française de Bangui à travers son Directeur pour que l’Archevêché soit partenaire dans la création de la première structure éditoriale de Centrafrique, j’en ai parlé immédiatement à son Excellence qui a été enthousiasmée et a donné son accord pour que ce chantier se poursuive et aboutisse, avec pratiquement carte blanche pour moi.
Le rôle de l’Alliance est d’initier des projets, les mettre sur rails pour ensuite petit à petit se retirer en les confiant à un partenaire local.
Le premier objectif, culturel, des « Editions les Rapides », puisque c’est son nom, est d’œuvrer à la promotion des écrivains centrafricains pour qui à ce jour, la seule possibilité de se faire éditer était de se tourner vers l’étranger en les aidant à sortir de leur ghetto, et par là même sortir un peu ce pays méconnu de son enclavement.
Enclavement accentué par une littérature essentiellement orale ce qui nuit à sa reconnaissance hors des frontières. Passer de l’oralité à l’écrit, de l’écrit à l’édition s’est donc imposé à l’Alliance comme une nécessité.
Pour d’évidentes considérations économiques la première phase est consacrée à de la micro-édition (250 exemplaires) proposée à la vente en Afrique francophone. C’est aussi la phase d’apprentissage du métier d’éditeur : création de collections, comité de lecture, apprentissage technique, maîtrise de la chaîne de fabrication, de la distribution et de tous paramètres qui font les entreprises prospères.
Quittant probablement la forme associative pour une structure juridique plus appropriée, la seconde étape verra des tirages beaucoup plus élevés, avec diffusion en Afrique et ailleurs une fois ces canaux de distribution là bien identifiés.
Nous pouvons même imaginer, pourquoi pas, que les écoles d’état ou privées, celles de l’Ecole Catholique Associée de Centrafrique (ECAC), acquièrent un grand nombre de ces livres permettant aux élèves et étudiants de travailler sur des textes écrits par des auteurs de RCA.
C’est ce que nous avons appelé la phase de professionnalisation pour atteindre le deuxième objectif : le développement. Qui dit développement dit création de richesses, d’emplois, de salaires, d’impôts, de charges sociales et de tous paramètres qui font les pays prospères.
L’Assemblée Générale constitutive s’est tenue le 3 octobre 2007 à l’Archevêché et le 25 de ce même mois dans l’enceinte de l’Alliance, le lancement officiel sous le haut patronage de l’Archevêque de Bangui désormais et statutairement Président du Conseil d’Administration de la première maison d’édition de son pays, avec, offert, un petit recueil de quatre nouvelles d’écrivains centrafricains écrites pour la circonstance. Première étape de la première étape.
Église, culture et développement, la naissance des « Editions les Rapides » en est une belle illustration. Je suis très heureux d’avoir au nom de l’Archevêché contribué à sa mise en place et d’en être un des membres fondateurs.
Centrafrique – Archevêché de Saint-Paul - Octobre 2007
Depuis que j’ai écrit ce texte beaucoup de choses ont changé. L’Archevêque de Bangui de l’époque a démissionné, Stéphane Joly, le Directeur de l’Alliance Française est rentré en France, moi aussi.
Et puis bien sûr et surtout, la Centrafrique a basculé dans le chaos le plus total, l’anarchie sanglante, le non-droit, situation peu propice au développement d’une entreprise culturelle, peu propice au développement tout court, délicat euphémisme.
C’est un projet dont je n’ai plus de nouvelles…