La citation de John Kenneth Galbraith publiée hier a fait l’objet de nombreuses réactions que l’on pourrait résumer de la sorte : comment faire pour changer les choses ? nous sommes impuissants, nous ne pouvons nous substituer aux gouvernements…
Il m’est alors revenu en mémoire une chronique écrite en septembre 2007 - j’étais en Centrafrique - sous forme de lettre ouverte à mon petit-fils dans laquelle il est évoqué un livre de Bill Clinton. Je vous invite à lire cette chronique et l’ouvrage de Clinton. C’est rassurant, optimiste, nous en avons besoin car il est réjouissant d’apprendre que nous avons probablement beaucoup plus de pouvoir que nous le pensons.
Septembre 2007
LETTRE OUVERTE A MON PETIT FILS
Je ne suis pas sûr mon cher petit Arthur que du haut de tes presque cinq ans le livre dont je vais te parler trouve un écho immédiat dans ton esprit. Ce n’est pas grave, j’écris cette chronique en pensant à toi et en souhaitant que tu la lises un jour.
C’est un ouvrage qui vient de paraître, écrit par Bill Clinton, ancien président des Etats-Unis. « Donner - Comment chacun d’entre nous peut changer le monde ». Le titre est le ton du livre. Clinton y reconnaît clairement les limites de l’action gouvernementale, ce qui n’est pas un mince constat venant de celui qui fut l’homme le plus puissant de la planète.
Et il insiste : « L’action individuelle et citoyenne est non seulement le complément nécessaire de l’action publique, mais peut être aussi parfois plus efficace. »
Seigneur ! Nous autres fourmis anonymes formant les peuples de la terre aurions donc un rôle aussi éminent à jouer dans la marche du monde ? Nous pourrions peser afin que cette grande et complexe organisation qu’est l’humanité devienne plus juste, plus humaine, plus propre ?
Eh oui, il nous invite à prendre en mains notre destinée collective, un peu comme les fourmis bâtissent et entretiennent leur propre demeure, la terre étant notre demeure commune.
Que chacun d’entre nous prenne conscience que nous devons et surtout que nous pouvons être les acteurs de notre futur, qu’il n’y a pas de fatalité dans le désordre actuel, c’est la leçon de Clinton.
Les lourdes et dangereuses secousses qui ébranlent tous nos équilibres sont autant de causes à défendre et celles-ci ne manquent pas : l’environnement, le réchauffement, la déforestation, les espèces animales en voie de disparition, les espèces humaines en voie de disparition, la pauvreté, les droits de l’homme, en Centrafrique bafoués avec constance, etc,
etc…
Parmi ces causes, si tu choisis celle où tu aideras les autres en détresse, évite de les écraser d’une excessive compassion, cette solution des velléitaires, et agis.
Agis et donne dans tous les cas, ici ou là-bas, dans ton village, dans ton quartier ou à l’autre bout du monde, cela n’a pas d’importance, mais agis et donne. Ce sera à toi de trouver la forme d’engagement qui te convient le mieux et dis toi bien que tous sans exception, entre vingt et soixante dix ans, voire au-delà, pouvons dégager, un jour où l’autre une fenêtre dans notre vie, un peu de temps pour corriger les excès des erreurs passées et prévenir celles à venir.
Ceci ne coûte rien, sinon de l’énergie et du coeur, c’est aussi un autre art de vivre que celui qui consiste à conjuguer sagement ses intérêts personnels avec ceux de la collectivité : les deux ne sont en aucun cas incompatibles.
Et puis vois-tu mon cher petit-enfant, je trouve en définitive que c’est une pensée bien réjouissante et bien réconfortante, joyeuse même, que de se dire et de savoir que nous avons entre nos mains individuelles une partie du destin du monde à condition toutefois de décider de nous y atteler, simplement, collectivement, sans faiblesse.
Comme les fourmis.