-Bien ! Tu peux monter sur mon dos, mais je te connais assez...
- Oh tu sais, à pareille bonté, on ne peut répondre par le mal, rassura l’hyène.
Arrivée, jusqu’au rivage avec l’hyène, la vieille vache dit :
- Bien ! Moon, descends maintenant.
- Ah non ! Attends que mon corps sèche d’abord, dit l’hyène. Attends que la brise souffle sur moi un peu, ajouta-t-elle.
- Eh bien ! Moon, voilà ce que j’avais prédit. Descends je t’en prie.
- Attends que ma tête sèche. La vache patiente, et quand la tête de l’hyène eut séché, elle lui dit :
- Maintenant tu peux, descendre. N’est-ce pas !
- Non ! Attends que je sèche complètement.
Cela dit, l’hyène sauta brusquement et arracha les mamelles du pauvre animal et s’enfuit avec. La vieille vache se mit à pleurer.
Le calao vint à passer.
- Alors ! Vieille qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il à la vache.
- Eh bien, c’est Moon, l’hyène qui m’avait demandé de la sauver d’ici et je lui ai rendu ce service. A titre de récompense, elle s’est enfuit avec mes mamelles.
- Ma foi ! fit le calao, Moon est ingrate. Elle ne mérite pas d’être aidée. Mais, tu sais ce que tu vas faire, tu vas feindre d’être morte et te coucher ici. Je vais tout faire pour la piéger et la faire venir ici.
- Ah oui ?
- Oui.
- Bien, c’est d’accord.
Ainsi dit, ainsi fait. La vieille vache fit la morte et s’étendit raide. Le calao alla se percher sur l’arbre situé à côté de la maison de l’hyène. Il entonna ce chant :
« Ngoliinkook Ngoliinkook...
Il y a un cadavre là-bas
Et nul n’est venu le dévorer depuis hier.
Alors Moon Sène l’homme de Ndew... ? »
L’hyène entendit et dit :
« Ecoutez, écoutez ce chant de l’oiseau »
L’oiseau reprit son chant : Ngoliinkook Ngoliinkook.
Alors Moon sortit et répondit :
« C’est moi qui l’ai tué
Hier exactement à pareille heure
Mon arc vibrait à cet effet
Eh oui frère de Ndew
C’est moi qui l’ai tué ».
L’hyène très émue par cette nouvelle, demanda à tous les membres de sa famille de la suivre. Ils s’en allèrent et trouvèrent le prétendu cadavre. L’hyène prit son couteau et l’aiguisa longuement. Tous ses enfants s’approchèrent, chacun, portant une écuelle, de même que sa femme. L’hyène prit son coupe-coupe et s’avança vers l’animal pour le dépecer. Dès qu’elle se pencha pour toucher, la vache la saisit brutalement au cou et serra la gorge en demandant :
- Moon où sont mes mamelles ?
- Elles sont bien enduies de crème et accrochées ».
La vache continua à serrer son étreinte si bien qu’au bout de quelques instants, l’hyène succomba.