Situé sur la petite côte, au bord de l’océan, à une trentaine de kilomètres au sud de M’bour, la figure emblématique de Joal est Léopold Senghor (Sedar signifie : celui qui ne connaîtra jamais la honte).
Il a vu le jour en 1906 dans une belle maison sur la route qui mène à Fadiouth, l’île aux coquillages, construite par Basile Diogoye Senghor (Diogoye signifie : le lion) son père, riche et respecté commerçant de la ville.
Transformée en musée, on suit au cours des salles l’itinéraire remarquable de l’enfant du pays sérère, de l’homme politique de grande envergure (il fut le premier Président du Sénégal indépendant) et du grand poète francophone, chantre avec Aimé Césaire de la négritude.
Voici la maison, puis un très beau poème écrit par Senghor sur sa ville natale.
Joal !
Je me rappelle.
Je me rappelle les signares à l’ombre verte des vérandas
Les signares aux yeux surréels comme un clair de lune
sur la grève.
Je me rappelle les fastes du Couchant
Où Koumba N’dofène voulait faire tailler son manteau
royal.
Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des
troupeaux égorgés.
Du bruit des querelles, des rhapsodies des griots.
Je me rappelle les voix païennes rythmant le Tantum
Ergo
Et les processions et les palmes et les arcs de triomphe.
Je me rappelle la danse des filles nubiles
Les chœurs de lutte – oh ! la danse finale des jeunes
hommes, buste
Penché élancé, et le pur cri d’amour des femmes – Kor
Siga !
Je me rappelle, je me rappelle…
Ma tête rythmant
Quelle marche lasse le long des jours d’Europe où
parfois
Apparaît un jazz orphelin qui sanglote sanglote
sanglote.