Février 2006
MESSE DOMINICALE A L’EGLISE SAINT-PAUL DES RAPIDES
L’église Saint Paul des rapides, située dans l’enceinte de l’Archevêché de Bangui, est le premier
bâtiment construit par les missionnaires blancs en Centrafrique, sans doute au début du 20ème siècle.
Le bâtiment est installé sur un promontoire surplombant un coude du fleuve Oubangui, dont le cours à
la saison des pluies s’accélère considérablement. C'est lui qui a donné son nom à l’endroit : Saint Paul
des rapides.
La messe de 8h30 est celle consacrée aux enfants. Joyeuse, colorée, bruyante, la foule envahit l’église
qui ne tarde pas a être bondée. Les portes sont ouvertes, il y a des personnes dehors, la chaleur est
étouffante. Il y a de jeunes enfants accompagnés, des adolescents, quelques adultes.
Au début, je croyais que les jeunes filles qui venaient avec un petit enfant étaient leurs grandes soeurs.
Mais sur le banc devant moi, je vois, un peu interloqué, l’une d’elle dégrafer son corsage et donner le
sein, à son bébé donc. Scène difficilement imaginable dans une église d’Europe mais ici parfaitement
naturelle et qui laisse ses voisins indifférents. Bien joli tableau cependant que cette jeune mère
allaitant son fils dans la foule des fidèles sous le regard attentif de la croix lumineuse qui brille au coeur
de l’église.
La messe dure deux heures, ce qui est long pour des enfants. Mais le prêtre qui officie connaît son
affaire. Il parle en sangho que je ne comprends pas (encore) mais quand subitement résonne sous la
voûte en bois un éclat de rire général, je me dis que ce prêtre est bien habile et que ces enfants
apprennent ou découvrent la pratique de leur religion de bien joyeuse manière. C’est rafraîchissant…
La moitié du temps est consacrée aux chants. Dans ma mémoire musicale, je ne reconnais pas de
résonances religieuses, mais je sais qu’elles sont là. Ce sont des musiques vives, alertes, cadencées ou
chacun accompagne le rythme en frappant dans ses mains. Devant l’autel, une rangée de jeunes filles
et de jeunes gens, silhouettes souples et flexibles, dansent, appliqués et légers. Dans l’assemblée
d’autres dansent aussi, plus discrètement. C’est un déhanchement à peine perceptible mais que l’on
devine en parfaite harmonie avec les sons produits.
Et puis aussi des moments où l’assemblée applaudit à tout rompre, d’autres où l'on entend des sifflets,
des cris un peu comme une vedette de variété qui se ferait huer.
Tout ceci est assez désorientant pour un européen, mais bien beau.
A la sortie de l’église je rencontre soeur Anne qui travaille à Radio Notre Dame. Nous bavardons
quelques instants pendant que les enfants s’éparpillent dans la poussière rouge :
- Bonne journée Dominique.
- Bonne journée ma Soeur.
Ainsi a commencé mon premier dimanche en Centrafrique.